Quantum of Solace

Le nouveau James Bond commence seulement quelques heures après la fin du dernier, Casino Royal, et l’histoire est sa continuation directe. Malheureusement, Quantum of Solace n’a pas été écrit par Ian Flemming, et ça se sent. Marc Foster a essayé de reprendre les meilleurs aspects de l’œuvre de Martin Campbell tout en ajoutant ses touches … c’était trop.
Casino Royal connut – à juste titre – un très grand succès, et il parut alors que reprendre cette recette soit une bonne idée. On continue donc d’évoluer aux côtés d’un James très froid, très violent, et qui n’hésite pas à tuer quiconque se dressera sur le chemin de sa vengeance, sous l’œil désapprobateur de M (Judy Dench), qui ne sait décidemment pas comment elle peut contrôler son meilleur agent.
Certes, il souffre, et nous compatissons, mais c’est bien la seule raison de nous attacher à lui, tant il paraît inhumain ; dans ce nouvel opus James Bond est simplement une machine à tuer. Il fait cela très bien, mais ses talents d’agent secret ne sont pas les seuls facteurs qui expliquent l’attachement des fans… De tout le film, seules ses écorchures apportent un quelconque changement à son visage et à son expression.
En tant que machine à tuer, ses rapports avec le sexe féminin sont altérés. Il y a bien une James Bond Girl, mais ils n’échangeront qu’un baiser furtif à la fin du film, entre une femme sans objectif (on a appelé la prestation de Olga Kurilenko « insignifiante ») et un Bond presque timide, et très vulnérable. Par contre, il charmera une secrétaire du MI-6 venu le ramener au bercail, que l’on retrouvera couverte de pétrole sur son lit (visiblement ils n’ont plus beaucoup d’imagination, car cette image se retrouve dans Goldfinger avec une femme couverte d’or). Elle n’aura passé que quelques minutes à l’écran avant de se faire élimine, ce qui n’est pas de très bonne augure pour les prochaines James Bond Girls. M fera d’ailleurs remarquer à Bond les effets de son charme redoutable.
Les capacités de Bond sont également assez aléatoires. Casino Royal était sa première mission, il est donc compréhensible qu’il ait parfois du mal à vaincre ses adversaires rapidement. Mais il lui arrive également de trop maîtriser une situation. Je pense notamment à la scène où il s’évade des membres du MI-6, en les ridiculisant tous, que ce soit pendant le combat ou en s’échappant. Le spectateur ne sait plus trop à qui il a affaire.

Vous vous souviendrez sûrement de la sombre « organisation » dont Bond apprend l’existence à la fin de Casino Royal. Eh bien à la sortie du cinéma nous ne savons pas beaucoup plus sur son identité, si ce n’est qu’elle est partout, et qu’elle compte des membres parmi les plus hauts placés dans le monde. Ah oui, grande surprise, elle est très cruelle aussi ! Au point d’achever Dominic Greene (Mathieu Amalric), le seul vrai ennemi du film, qui laisse plutôt l’image d’un méchant dérangeant qu’un vrai méchant de James Bond.

Il semblerait que notre XXIe siècle préfère les films violents aux scènes plus tranquilles, et Quantum of Solace continue dans la lignée de Casino Royal avec des scènes d’une extrême violence, qui sont vues par beaucoup de fans comme les exemples d’un simple film d’action, et non d’un James Bond.
Cela est peut-être dû au caractère dru de Craig, qui passe son temps à arpenter les rues dans des habits couverts de sang et de verre.
Quantum of Solace est également le premier James Bond à n’avoir aucun gadget de tout le film, pas un seul ! Sa merveilleuse Aston Martin durera elle aussi seulement quelques minutes avant de sortir de scène, sans portière et plus généralement dans un sale état !
J’ai également remarqué l’absence des deux phrases cultes de Bond (« Bond, James Bond » et « Shaken, not stirred »). Cette absence a dérangé
certains fans, mais j’ai jugé qu’elles n’auraient pas eu leur place de toute façon, ce 007 ne perdrait pas même du temps avec de simples répliques comme ça, aussi cultes soient-elles.

Quantum of Solace est une déception. Le film reste un James Bond, et en met plein la vue, mais il est loin de présenter un James dans toute sa splendeur. Il faut avouer que la note était donnée dès le début, avec un générique raté, ne présentant que la silhouette de James visant avec son pistolet ou tombant, entouré de femmes nues se confondant avec le sable des dunes environnantes (dunes qui n’occuperont l’écran que pendant une petite minorité du temps de projection).
Ce qui m’a sûrement le plus frustré au moment de la sortie de salle est sûrement simplement le fait que le mot Solace n’est pas prononcé une seule fois…